Derrière la vidéo choc mettant en scène les 400 écoliers de Sallanches munis de masque et dénonçant les effets de la pollution sur leur quotidien, Vincent Hazout, parent d'élève. Il a répondu aux questions de France 3 Alpes.
Comment avez-vous eu l'idée de cette vidéo ?La directrice de l'établissement où mon fils est scolarisé avait l'idée d'une photographie des enfants avec un masque. J'ai vu un "mannequin challenge" sur Facebook il y a une quinzaine de jours, et je me suis dit que c'était ça qu'il fallait pour montrer l'immobilisme de ces enfants, qui sont confinés pendant les épisodes de pollution.
Ca fait trois ans que tous les hivers, c'est la même rengaine. Les pics de pollution se succèdent. Pendant trois ou quatre jours, les élèves sont confinés à l'intérieur pendant la récréation et ne peuvent plus faire de sport. Puis il pleut, le pic de pollution s'arrête. Et un mois plus tard ça recommence. Cette année, c'est la première fois que cela dure pendant quinze jours consécutifs. On a atteint un niveau où le pic est trop important et surtout trop long. Il était temps de réveiller les consciences de nos élus.
Comment s'est déroulé le tournage ?
Tout s'est passé très vite. Nous avons eu l'idée jeudi dernier. Vendredi j'ai lancé un appel sur les réseaux sociaux pour que des professionnels nous aident à filmer. Une boîte de production, PVS Company, basée à Saint-Gervais, a rapidement répondu à notre appel et accepté de filmer bénévolement. Lundi nous répétions avec les enfants. Mardi matin, nous tournions et le soir la vidéo était prête !
Quelles ont été les réactions à Sallanches ?
J'ai rarement été autant noyé sous les messages ! J'ai reçu beaucoup de soutien d'autres parents d'élèves et d'habitants de Sallanches. Beaucoup envisagent de partir et en ce moment, ils attendent les vacances pour envoyer leurs enfants dans un endroit moins pollué. Les élus refusaient de voir le problème, maintenant ils ne peuvent plus faire semblant.
J'ai d'ailleurs été invité à participer au conseil municipal de la ville le 14 décembre. Georges Morand, le maire, m'a permis de prendre la parole en fin de conseil et j'ai pu expliquer à l'ensemble des élus mes motivations. Nous avons convenu d'rendez-vous pour la mise en place de la création d'une commission de l'air qui sera composée représentants citoyens et d'élus. Même si ceci ne résoudra pas le problème demain, c'est un très grand pas pour la construction de l'avenir à court, moyen et long terme.
Pourquoi avez vous décidé de vous engager contre la pollution dans la vallée de l'Arve ?
Je ne suis membre d'aucune association. Je suis chef d'entreprise et ne partage pas leurs idées soixante-huitardes. Je suis très content qu'elles agissent mais je ne souhaite pas en faire partie. J'ai grandi en région parisienne. A 12 ans, j'ai été diagnostiqué comme grand asthmatique et je n'arrivais plus à vivre dans un endroit si pollué. Mes parents ont décidé de tout quitter pour s'installer dans la Vallée de l'Arve et me laisser respirer l'air de la montagne. Il y a dix jours, mon fils de cinq ans a, à son tour, été diagnostiqué asthmatique. Et il l'est devenu parce qu'il habite ici. Ca m'a mis hors de moi et j'ai voulu faire quelque chose.
Mercredi, vous avez déjà été responsable d'un grand rassemblement citoyen ?
Quand j'ai appris que mon fils était asthmatique, j'ai voulu exprimer mon ras le bol contre l'immobilisme de nos élus qui osent à peine parler de la pollution dans ce "pays de l'air pur" qu'est censée être la montagne. J'ai juste publié un message sur ma page Facebook pour inviter mes amis à un rassemblement citoyen contre la pollution. Le bouche à oreille faisant, nous étions plus de 1000. Je ne m'attendais pas du tout à un tel effet boule de neige !